GRAND FORMAT
Alexandre Rochon
Mon projet de grand format se présente comme une tapisserie monumentale de 4 pieds par 6 pieds, méticuleusement élaborée sur toile de peintre. Cousue à l'aide d'une machine à coudre traditionnelle et d’approximativement 4km de fils bleu profond, cette œuvre est soutenue par deux bâtons de bois, lui conférant la possibilité d'être déroulée et exposée facilement au mur. Cette présentation au mur sur un médium imposant n'est pas anodine. Il invite le spectateur à se sentir physiquement intégré dans le labyrinthe représenté sur celui-ci, évoquant ainsi directement la problématique centrale de mon œuvre, la navigation à travers le complexe et l'infinie, un périple à la fois externe et interne.
L'œuvre révèle un labyrinthe composé d'hexagones, pourvu d'une entrée et d'une sortie, incarnant un trajet à la fois complexe et introspectif. Elle s'inspire du livre « La bibliothèque de Babel » de Jorge Luis Borges, paru en 1941, qui dépeint une bibliothèque sans fin, emplie de volumes insensés, où des bibliothécaires cherchent désespérément une quelconque logique au milieu du chaos ordonné. La configuration hexagonal des salles, décrite par Borges, se reflète dans les murs de mon labyrinthe, avec des espaces à six côtés, dont quatre, dans le livre, sont réservés aux étagères.
À travers cette tapisserie, j'ai tenté de représenter l'essence de cet infini futile dépeint par Borges, où la recherche de sens dans un labyrinthe complexe mène à l'errance vaine des bibliothécaires dans leur quête de connaissance. Cette tapisserie, en écho à la bibliothèque de Babel, nous invite à réfléchir sur notre propre périple à travers le labyrinthe de l'existence, marqués par la recherche d'un sens dans un monde souvent insaisissable et absurde. En tentant, même fugacement, de naviguer à travers ce labyrinthe accroché au mur, nous touchons du doigt cette quête infructueuse. Elle nous invite à la contemplation, à nous perdre devant la complexité, qu'elle soit réelle ou imaginaire, de nos propres existences.
